En réponse à l’article de Bruno Suchaut dans le Café pédagogique
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7 minutes par jour pour apprendre à lire.… Il est logique que la formule de Bruno Suchaut ait fait réagir. On peut même présumer que le choix de cette forme très condensée ait justement eu pour but d’attirer l’attention. Mais est-il raisonnable aujourd’hui de céder à la tentation de ces formules chocs ? A défaut de pouvoir rendre compte de la réalité complexe de l’école, elles confortent, même si ce n’est pas l’intention de leurs auteurs, la vision d’un système scolaire dégradé et négligeant pour les élèves les plus faibles.
La prudence des énoncés devrait être tout d’abord guidée par la difficulté de la mesure. Comment en effet produire un chiffre qui restitue la réalité objective quand on sait, qu’en la matière, l’expression d’une moyenne n’a guère de sens ? Comment délimiter les activités d’apprentissage de la lecture alors que les pratiques linguistiques sont transversales de l’ensemble des activités et que l’apprentissage de la lecture ne peut raisonnablement se limiter aux activités spécifiques de lecture ? Comment mesurer « le temps d’engagement » de l’élève alors que nous savons tous que les manifestations extérieures de l’attention ne recouvrent pas la mobilisation intellectuelle de l’élève ?
D’autre part, la mesure est intiment liée à des parti pris que l’on peut discuter : Bruno Suchaut considère que « la compétence identifiée comme déterminante en CP est l’automatisation du code alphabétique ». Très certainement cette compétence est necessaire et doit être l’objet d’activités d’apprentissage mais cette nécessité suffit-elle à la hiérarchiser au point d’en faire « la » compétence indispensable ?
Aucune formule réductrice n’en viendra à bout de ce questionnement complexe et ne pourra aider à mieux comprendre le système scolaire.
Quant à la question des maitres supplémentaires du dispositif « plus de maîtres que de classes », il n’est pas non plus raisonnable de prononcer, a priori, un verdict. Nous le savons tous, aucun dispositif n’est suffisant pour être vertueux en soi. C’est le soin avec lequel il est mis en oeuvre, la réflexion qu’il est capable de susciter, les motivations qu’il peut faire naitre qui détermineront sa réussite. Certains départements disposaient depuis longtemps de postes supplémentaires qui ont fait la preuve de leur pertinence pour permettre une meilleure réussite de l’apprentissage de la lecture et pour « augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles ». Attendons que le dispositif soit suffisamment engagé pour émettre des jugements basés sur une évaluation objective.
D’autant qu’il est très discutable de lier cette question à celles des rythmes. Qu’on puisse formuler des doutes sur l’impact de la réforme des rythmes sur les apprentissages et la réussite, nous avons désormais connaissance de suffisamment de nouvelles organisations du temps scolaire pour que ce soit légitime. Et on peut partager avec Bruno Suchaut le regret que le coût de cette réforme n’ait pas été investi ailleurs, ou tout au moins autrement. Mais pour le dispositif « plus de maîtres que de classes », il est trop tôt. Si il est nécessaire un jour d’en faire le bilan critique, nous saurons le faire mais, pour l’instant, consacrons nos énergies à permettre qu’il contribue efficacement à une meilleure réussite de tous !
Paul DEVIN, secrétaire général du SNPI-FSU