Circulaire de rentrée 2011 : le B.O. devient un outil de propagande électorale
COMMUNIQUE SNPI-FSU,  vendredi 13 mai 2011

« Un objectif naturel s’impose à chacun des acteurs de l’école : améliorer les acquis des élèves significativement et durablement à tous les niveaux de la scolarité ». L’objectif est noble, illustré de nombreux exemples ou projets. Les inspecteurs du SNPI-FSU y adhérent et réalisent leurs missions pour y contribuer. Mais dans les faits, cette circulaire n’est que la vitrine d’une l’Éducation nationale dont l’arrière-boutique a des visées bien moins humanistes et généreuses, conséquence de quatre années de réformes contestables pour les élèves, et en particulier pour ceux qui subissent des difficultés d’apprentissage, ceux-là mêmes qui font chuter les résultats de la France aux évaluations internationales.

A bien les analyser, on peut remarquer que chacune des mesures, préconisations ou innovations pour l’année à venir, vise uniquement à masquer les conséquences de la RGPP ou de la mise au régime sec de nos budgets : améliorer les acquis des élèves en mettant face à eux des enseignants non formés du fait de la réforme du niveau de recrutement et de la formation à l’entrée dans le métier, en réduisant la formation continue à la portion congrue des formations statutaires et des animations pédagogiques, en supprimant cette année encore de nombreux postes RASED, et en laissant pour la première fois depuis des années se dégrader le taux d’encadrement des élèves, en révisant les cartes de l’éducation prioritaire, en réduisant encore la DGH des EPLE, en faisant appel à des étudiants sous contrat ou à pôle emploi pour assurer les remplacements…

Comment croire que cet objectif affiché n’a pas pour seule visée la conquête des électeurs ?
Toutes les réformes de ce gouvernement n’ont eu pour seules perspectives que la réduction des moyens alloués à l’éducation nationale, ou visaient à afficher auprès des usagers de l’école publique des actions davantage motivées par un plan de communication que par l’intérêt des élèves : les stages de remise à niveau ou l’accompagnement éducatif (dont les enveloppes baissent chaque année), l’aide personnalisée (qui épuise les élèves dans un rythme scolaire inadapté et prive la majorité d’entre eux de 72 heures de cours annuels), l’assouplissement de la carte scolaire (qui fait disparaitre toute mixité sociale dans certains EPLE), la réforme du bac professionnel de 4 à 3 ans (qui prive les élèves fragiles d’une qualification scolaire de niveau IV)… Et pendant ce temps, la difficulté scolaire croît et la scolarisation des élèves en situation de handicap s’effectue au moyen d’expédients.

Bon nombre des actions qui figurent dans ce catalogue engagent également d’autres secteurs de la fonction publique d’état, qui sont comme l’éducation nationale victimes du dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Sinon, elles sollicitent les collectivités territoriales, dont les moyens sont liés, d’une part, aux revenus des habitants du territoire et, d’autre part, aux compensations sous-évaluées accordées par l’état dans le cadre des transferts de charges, qui contribuent de fait à renforcer les inégalités scolaires territoriales.

Cette circulaire sera la dernière de ce mandat présidentiel, avec son approche malthusienne de la politique éducative. Entachée par la recherche de clivages destructeurs sur l’identité nationale et la laïcité, cette mandature aura été néfaste pour les élèves, et surtout pour les plus fragiles scolairement. Elle aura généré chez bon nombre d’enseignants, de personnels administratifs et de cadres amertume et perte de sens. Cependant, la majorité d’entre eux (fort heureusement nous n’avons pas le monopole de l’éthique), continuent de mener à bien leur mission d’éducation avec volonté et exigence, sachant que par leur action, ce sont les valeurs démocratiques et émancipatrices de l’école publique qu’ils portent, seules propres à former de futurs citoyens qui feront vivre la devise de la République : liberté, égalité et de fraternité.

La CAN