M@gistère : trop c’est trop !

COMMUNIQUE SNPI-FSU, 15 janvier 2014

Dès les consultations initiales sur la circulaire Magistère, au mois de juillet dernier, le SNPI avait exprimé son intérêt pour le développement de formations à distance tout exprimant clairement ses craintes d’une précipitation à agir qui ne serait compatible ni avec la qualité des dispositifs, ni avec les charges de travail des acteurs.

Une précipitation au-delà des exigences de la circulaire
Dans bon nombre d’académies, les demandes de la circulaire ont été outrepassées en exigeant neuf heures de formation à distance dès cette année alors que la circulaire ne contraint pas à ce volume. Il en résulte une mise en œuvre précipitée sans que des offres de formation à distance suffisantes soient disponibles. Une des conséquences et non la moindre est que l’offre de formation s’organise en fonction des modules existants et non en fonction des demandes des enseignants et de l’analyse de leurs besoins.

La place des inspecteurs de l’Éducation nationale
Certaines organisations actuelles fabriquent en outre un dispositif strictement descendant où l’inspecteur n’est que l’opérateur local d’un plan de formation décidé aux niveaux académique et départemental. Pourtant, la circulaire ne pourrait être plus claire : « Il appartient aux inspecteurs de l’Éducation nationale de déterminer les priorités de formation pour leur circonscription, sur la base des besoins qu’ils identifient ou de ceux exprimés par les personnels et des priorités académiques. Le plan de formation en ligne est arrêté par l’inspecteur de l’éducation nationale pour les enseignants de sa circonscription en tenant compte des besoins exprimés en relation avec le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation défini par l’arrêté du 1er 21 juillet 2013. »
Quelle formation continue ?
Le SNPI a déjà exprimé son inquiétude des effets qu’aurait le dispositif M@gistère s’il ne s’associait pas avec une relance globale de la formation continue, y compris dans ses formes en présentiel. Aucune perspective ne semble se dégager dans ce sens.

Confiance ou contrôle ?
La formation continue ne peut se résumer à une obligation horaire. Elle doit être construite de manière à répondre aux demandes des enseignants et à l’analyse des besoins. L’implication des enseignants doit être incitée par la qualité de l’offre et sa correspondance avec les besoins et non par l’organisation de systèmes de contrôle.

Des charges de travail irréalistes
Parmi les perspectives en cours de finalisation, nous savons déjà que certaines ne seront pas tenables. Pour ne citer que deux exemples : ouvrir un forum où l’inspecteur répond à distance aux questions de tous les enseignants de sa circonscription, organiser des listes de diffusion dont le nombre de mails quotidiens est déjà de 80 et se surajoute à un courrier déjà abondant et à d’autres listes de diffusion.

Le SNPI a déjà alerté sur le volume particulièrement éprouvant des charges de travail des inspecteurs. Il ne peut être question de continuer à détériorer la situation par un activisme académique ou départemental qui ne correspond aucunement aux attentes fondamentales des enseignants en matière de formation. Certains départements ont fait la preuve d’une mise en œuvre réfléchie et raisonnable. D’autres non.
Le SNPI demande que toute précipitation soit abandonnée dans la mise en place des réformes actuelles et à venir afin qu’elles puissent être conduites dans des conditions correctes de concertation, de préparation et d’adaptation aux contextes locaux. Incarnant ce pilotage, les inspecteurs doivent être considérés comme des acteurs responsables et légitimes. Il en va de la cohérence du système éducatif, de la nécessaire cohésion des différents échelons hiérarchiques, de la crédibilité des dispositifs de formation. L’enjeu est la capacité du système à mener à bien la refondation de l’École.
Le SNPI soutiendra les inspectrices et les inspecteurs qui, dans une volonté guidée par des principes qualitatifs, refuseront de mettre en œuvre des consignes dont la prescription ne découle pas du cadre réglementaire national de la circulaire M@gistère (2013-123). Il les soutiendra dans l’exigence que soit respecté le principe énoncé dans la circulaire d’une détermination des priorités de formation à l’échelle de la circonscription.

Les Lilas, le 15 janvier 2014